- 29 Mars 2016
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- Bordeaux
La plateforme qui met à disposition des usagers des VTC (Véhicule de tourisme avec chauffeur) a un prix inférieur aux taxis traditionnels connaît un fort développement à Toulouse. Mais certains conducteurs dénoncent un système étouffant...
À vue de nez, tout roule au pays d'Uber, ce développeur d'applications mobiles qui met en contact des voyageurs avec des conducteurs privés pour des courses urbaines. Le système, qui a carrément donné son nom à une nouvelle économie de services en mettant à mal les taxis traditionnels, connaît une croissance exponentielle à Toulouse. Mais en coulisses, la fronde couve.
Combien sont-ils de chauffeurs «ubérisés» à sillonner les rues de la ville ? Impossible à savoir puisque la société se refuse à donner les chiffres au nom du secret des affaires, mais sur le terrain, la concurrence fait rage et certains conducteurs commencent à remettre en cause un modèle venu tout droit de Californie. «Il y a clairement une politique d'isolement du chauffeur et une gestion opaque de leur application, explique Richard, qui a commencé son activité il y a deux ans. Leur logiciel fonctionne avec un taux d'acceptation et d'annulation des courses. S'il considère qu'on a un nombre trop élevé de refus, on est désactivé pendant une semaine et on ne peut plus travailler». Richard a déjà connu la mésaventure trois fois et n'accepte plus d'être prisonnier d'un algorithme. «Comment voulez vous faire, le système nous met dans des situations ingérables. Il nous arrive d'être appelés pour une course à plus de 15 km par un client qui ne fera que 2 km… Dans cette situation, je gagne 4,50 €, donc j'annule, ce n'est pas viable». Et à l'arrivée il est doublement pénalisé quand son compte est désactivé. «C'est bien simple, je n'y arrive plus confie Richard. Entre la location de ma voiture, 1 100 € par mois, 350 € de charges et 700 à 800 € de gas-oil, je perds de l'argent. Et Uber prend 25 % de commission sur les courses». En colère, le chauffeur dénonce aussi les parcours annoncés comme majorés par la plateforme et qui, au final, ne le sont pas toujours. Alors que pour le client, cette majoration est bien réelle. Olivier, un jeune Toulousain a été tout surpris de devoir s'acquitter, vendredi dernier, de 31,45 € pour un trajet entre le boulevard Carnot, en centre-ville, et le terminus du métro Borderouge. «Plus cher qu'un taxi», peste-t-il. En l'occurrence, le prix de la course était de 11,65 € plus 19,80 € de surcoût de nuit. Richard, lui, est prêt, à mandater un huissier de justice pour savoir «si l'application est réglée au seul profit d'Uber», dont il dénonce la position monopolistique. La concurrence existe pourtant à Toulouse avec l'application régionale MySam, certes plus confidentielle. Uber incite d'ailleurs ses chauffeurs à travailler avec d'autres plateformes. Une façon, peut-être, de botter en touche et de s'affranchir d'un peu plus de transparence.
La culture du secret
Depuis son lancement en 2014 à Toulouse, près de 300 000 clients ont utilisé un VTC Uber : 70 % sont des Toulousains, 20 % des touristes d'affaires ou d'agrément et 10 % des visiteurs internationaux. L'activité à Toulouse a doublé sur la seule année 2017. Sur le nombre de chauffeurs, la direction d'Uber reste évasive, mais en revendique «plusieurs centaines». On serait proche de 500 VTC circulant dans la Ville rose.
https://www.ladepeche.fr/article/2018/08/20/2853985-uber-le-blues-du-chauffeur.html
À vue de nez, tout roule au pays d'Uber, ce développeur d'applications mobiles qui met en contact des voyageurs avec des conducteurs privés pour des courses urbaines. Le système, qui a carrément donné son nom à une nouvelle économie de services en mettant à mal les taxis traditionnels, connaît une croissance exponentielle à Toulouse. Mais en coulisses, la fronde couve.
Combien sont-ils de chauffeurs «ubérisés» à sillonner les rues de la ville ? Impossible à savoir puisque la société se refuse à donner les chiffres au nom du secret des affaires, mais sur le terrain, la concurrence fait rage et certains conducteurs commencent à remettre en cause un modèle venu tout droit de Californie. «Il y a clairement une politique d'isolement du chauffeur et une gestion opaque de leur application, explique Richard, qui a commencé son activité il y a deux ans. Leur logiciel fonctionne avec un taux d'acceptation et d'annulation des courses. S'il considère qu'on a un nombre trop élevé de refus, on est désactivé pendant une semaine et on ne peut plus travailler». Richard a déjà connu la mésaventure trois fois et n'accepte plus d'être prisonnier d'un algorithme. «Comment voulez vous faire, le système nous met dans des situations ingérables. Il nous arrive d'être appelés pour une course à plus de 15 km par un client qui ne fera que 2 km… Dans cette situation, je gagne 4,50 €, donc j'annule, ce n'est pas viable». Et à l'arrivée il est doublement pénalisé quand son compte est désactivé. «C'est bien simple, je n'y arrive plus confie Richard. Entre la location de ma voiture, 1 100 € par mois, 350 € de charges et 700 à 800 € de gas-oil, je perds de l'argent. Et Uber prend 25 % de commission sur les courses». En colère, le chauffeur dénonce aussi les parcours annoncés comme majorés par la plateforme et qui, au final, ne le sont pas toujours. Alors que pour le client, cette majoration est bien réelle. Olivier, un jeune Toulousain a été tout surpris de devoir s'acquitter, vendredi dernier, de 31,45 € pour un trajet entre le boulevard Carnot, en centre-ville, et le terminus du métro Borderouge. «Plus cher qu'un taxi», peste-t-il. En l'occurrence, le prix de la course était de 11,65 € plus 19,80 € de surcoût de nuit. Richard, lui, est prêt, à mandater un huissier de justice pour savoir «si l'application est réglée au seul profit d'Uber», dont il dénonce la position monopolistique. La concurrence existe pourtant à Toulouse avec l'application régionale MySam, certes plus confidentielle. Uber incite d'ailleurs ses chauffeurs à travailler avec d'autres plateformes. Une façon, peut-être, de botter en touche et de s'affranchir d'un peu plus de transparence.
La culture du secret
Depuis son lancement en 2014 à Toulouse, près de 300 000 clients ont utilisé un VTC Uber : 70 % sont des Toulousains, 20 % des touristes d'affaires ou d'agrément et 10 % des visiteurs internationaux. L'activité à Toulouse a doublé sur la seule année 2017. Sur le nombre de chauffeurs, la direction d'Uber reste évasive, mais en revendique «plusieurs centaines». On serait proche de 500 VTC circulant dans la Ville rose.
https://www.ladepeche.fr/article/2018/08/20/2853985-uber-le-blues-du-chauffeur.html