La destination partagée dans le covoiturage est un concept bien flou.
Sur Heetch, à quel moment la destination est devenue le destination du chauffeur ?
Sur Blablacar je vois qu'il y a beaucoup de demandes en général pour Paris Lille et Lille Paris, donc ça m'incite à aller voir mon cousin à Lille et surtout à prendre ma voiture plutôt que le train pour accepter des covoitureurs passagers.
Quelle différence de fond avec Heetch, à part un prix différent ?
Sur Heetch je verrais que le passager va à Madeleine, bon ok je prends la course.
La loi ne peut pas lire dans la tête des conducteurs la destination où ils veulent se rendre.
On peut même pousser le raisonnement encore plus loin avec UberPoP.
Ce soir, j'ai envie de sillonner Paris par plaisir, pour m'occuper l'esprit plutôt que regarder la télé. Oh, ça tombe bien, mon application UberPoP me dit qu'il y a des passagers que je peux mettre dans ma voiture qui veulent aller à différents endroits de Paris. Pile poil la petite sortie nocturne que je comptais faire !
Si ça n'est pas du co-voiturage, ça !
Bon, ok, c'est pousser le raisonnement un peu loin, mais au sens strict, ça se défend, non ?
Reste le prix. Dans son calcul de partage de frais, Blablacar ne compte pas l'achat de la voiture, seulement l'usure et l'essence. Tandis que Heetch et UberPoP comptent un amortissement global qui prend aussi en compte l'achat, l'assurance.
Le "pas à titre onéreux" de Blablacar commence au début du trajet et s'arrête à la fin.
Le "pas à titre onéreux" de Pop, Djump et Heetch commence quand on achète la voiture et s'arrête quand on s'en debarrasse.
On pourrait dire que cette deuxième interprétation est de mauvaise foi, ça a d'ailleurs été reproché à Uber en première instance pour publicité mensongère, mais qu'en est il si j'avais acheté le véhicule justement pour faire du UberPoP ?
Dans ce cas, UberPoP a été arrêté alors que je n'ai pas pu le pratiquer à titre onéreux puisque je n'ai jamais pu rentrer dans mes frais d'achat...
Tout ça pour dire qu'Uber a raison d'avancer l'argument que tant que le caractère "onéreux" du transport n'est pas clairement défini, la loi Thevenoult est illisible.