- 14 Décembre 2016
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- Localité
- Paris
- Véhicule
- Toyota Prius 4
cour de cassation vtc/taxi: un cas de concurrence déloyale
Une centrale de réservation de VTC s’est rendue responsable de concurrence déloyale, causant un préjudice économique à une centrale de réservation de taxis, en recourant à une pratique réservée aux taxis (la maraude électronique) et en ne respectant pas le droit du travail (ses chauffeurs auraient dû être salariés).
Chambre commerciale, financière et économique – pourvoi n° 23-22.430
Une centrale de réservation de voitures de transport avec chauffeur (VTC) proposait ses services de mise en relation entre des chauffeurs VTC et des clients, par le biais d’un site internet et d’une application pour smartphone.
Ces outils numériques de réservation reposaient sur le principe de la « maraude électronique ».
Repère : La maraude électronique
Qu’est-ce qu’une « maraude » ?
La maraude consiste à stationner ou circuler sur la voie publique en quête de clients.
Qui peut pratiquer la « maraude » ?
Seuls les taxis sont autorisés à pratiquer la maraude. Les VTC n’en n’ont pas le droit.
Qu’est-ce que la « maraude électronique » ?
La maraude électronique consiste à informer des clients potentiels de la disponibilité et de la localisation des véhicules qui se trouvent sur les voies ouvertes à la circulation publique. En disposant de ces informations avant de passer commande, les clients sont en mesure de sélectionner le chauffeur susceptible de les prendre en charge le rapidement possible.
Compte tenu du développement des applications de VTC, le code des transports a interdit la maraude électronique aux chauffeurs de VTC et à leur centrale de réservation.
Une centrale de réservation de taxis a reproché à cette centrale de réservation de VTC d’avoir un avantage concurrentiel, estimant qu’elle ne respectait ni le droit des transports ni de droit du travail.
La centrale de réservation de taxis a attaqué en justice la société de VTC pour concurrence déloyale.
Repère : La concurrence déloyale
Le principe
Une entreprise parvient à devenir plus compétitive en commettant une faute qui lui procure un avantage concurrentiel non justifié. Cette situation cause un dommage à l’un de ses concurrents.
Exemple de fautes procurant un avantage concurrentiel : non-respect d’une réglementation obligatoire ; pratique commerciale abusive (imitation d’un produit de marque, diffusion de secret d’affaires, dénigrement des produits du concurrent…).
La sanction
L’entreprise qui se livre à des actes de concurrence déloyale peut être condamnée à verser des dommages et intérêts à son concurrent victime.
La cour d’appel a considéré que la société de VTC n’avait pas respecté le code des transports et le droit du travail.
Elle a donc condamné la société de VTC à indemniser la société de taxis pour concurrence déloyale.
La société de VTC a formé un pourvoi en cassation.
La question posée à la Cour de cassation
La centrale de réservation de VTC s’est-elle livrée à une concurrence déloyale ?
La décision de la Cour de cassation
La centrale de réservation de VTC a commis des actes de concurrence déloyale à l’égard de la centrale de réservation de taxis qui lui ont permis de s’approprier plus facilement la clientèle.
Pour rendre sa décision, la Cour de cassation s’est posée deux questions.
Question n°1 - En quoi la pratique de la maraude électronique peut-elle constituer une faute susceptible de créer une situation de concurrence déloyale ?
Réponse - La maraude électronique est interdite aux VTC et à leur centrale de réservation.
Cette interdiction s’applique aux VTC et leur centrale même si l’interface numérique qui informe, en amont de la commande, de la disponibilité et de la localisation des véhicules présents sur les voies de circulation ne permet pas aux clients potentiels de sélectionner eux-mêmes un chauffeur.
Le dispositif électronique qui fait état en temps réel de l’offre de véhicules est réservé aux taxis.
En pratiquant la maraude électronique, la plateforme de VTC a donc commis une faute de concurrence déloyale.
Question n°2 - Une plateforme de mise en relation entre chauffeurs de VTC et clients potentiels est-elle l’employeur de ces chauffeurs ?
Repère : Qu’est-ce qu’un travail salarié ?
Le travail salarié est une activité professionnelle dans le cadre de laquelle il existe un lien de subordination entre l’employeur et le travailleur.
Le droit français ne connaît que deux statuts professionnels : celui de travailleur indépendant et celui de travailleur salarié.
Un contrat d’entreprise permet à un travailleur indépendant de réaliser une prestation pour le compte d'une société. Si ce contrat fait apparaître un lien de subordination entre l’entreprise et le prestataire, il est possible de le requalifier en contrat de travail.
Le contrat de travail fait alors poser sur l’entreprise et le travailleur un certain nombre d’obligations supplémentaires.
Réponse - Dans cette affaire, la façon dont les chauffeurs de VTC collaborent avec la plateforme repose sur la même dynamique que celle d’un contrat de travail.
La relation de travail nouée entre la centrale de réservation et les chauffeurs VTC se caractérisait notamment par :
Ainsi, cette plateforme de VTC ne respecte par le droit du travail.
La Cour de cassation rejette donc le pourvoi.
Lire la décision
Une centrale de réservation de VTC s’est rendue responsable de concurrence déloyale, causant un préjudice économique à une centrale de réservation de taxis, en recourant à une pratique réservée aux taxis (la maraude électronique) et en ne respectant pas le droit du travail (ses chauffeurs auraient dû être salariés).
Chambre commerciale, financière et économique – pourvoi n° 23-22.430
Une centrale de réservation de voitures de transport avec chauffeur (VTC) proposait ses services de mise en relation entre des chauffeurs VTC et des clients, par le biais d’un site internet et d’une application pour smartphone.
Ces outils numériques de réservation reposaient sur le principe de la « maraude électronique ».
Repère : La maraude électronique
Qu’est-ce qu’une « maraude » ?
La maraude consiste à stationner ou circuler sur la voie publique en quête de clients.
Qui peut pratiquer la « maraude » ?
Seuls les taxis sont autorisés à pratiquer la maraude. Les VTC n’en n’ont pas le droit.
Qu’est-ce que la « maraude électronique » ?
La maraude électronique consiste à informer des clients potentiels de la disponibilité et de la localisation des véhicules qui se trouvent sur les voies ouvertes à la circulation publique. En disposant de ces informations avant de passer commande, les clients sont en mesure de sélectionner le chauffeur susceptible de les prendre en charge le rapidement possible.
Compte tenu du développement des applications de VTC, le code des transports a interdit la maraude électronique aux chauffeurs de VTC et à leur centrale de réservation.
Une centrale de réservation de taxis a reproché à cette centrale de réservation de VTC d’avoir un avantage concurrentiel, estimant qu’elle ne respectait ni le droit des transports ni de droit du travail.
La centrale de réservation de taxis a attaqué en justice la société de VTC pour concurrence déloyale.
Repère : La concurrence déloyale
Le principe
Une entreprise parvient à devenir plus compétitive en commettant une faute qui lui procure un avantage concurrentiel non justifié. Cette situation cause un dommage à l’un de ses concurrents.
Exemple de fautes procurant un avantage concurrentiel : non-respect d’une réglementation obligatoire ; pratique commerciale abusive (imitation d’un produit de marque, diffusion de secret d’affaires, dénigrement des produits du concurrent…).
La sanction
L’entreprise qui se livre à des actes de concurrence déloyale peut être condamnée à verser des dommages et intérêts à son concurrent victime.
La cour d’appel a considéré que la société de VTC n’avait pas respecté le code des transports et le droit du travail.
Elle a donc condamné la société de VTC à indemniser la société de taxis pour concurrence déloyale.
La société de VTC a formé un pourvoi en cassation.
La question posée à la Cour de cassation
La centrale de réservation de VTC s’est-elle livrée à une concurrence déloyale ?
La décision de la Cour de cassation
La centrale de réservation de VTC a commis des actes de concurrence déloyale à l’égard de la centrale de réservation de taxis qui lui ont permis de s’approprier plus facilement la clientèle.
Pour rendre sa décision, la Cour de cassation s’est posée deux questions.
Question n°1 - En quoi la pratique de la maraude électronique peut-elle constituer une faute susceptible de créer une situation de concurrence déloyale ?
Réponse - La maraude électronique est interdite aux VTC et à leur centrale de réservation.
Cette interdiction s’applique aux VTC et leur centrale même si l’interface numérique qui informe, en amont de la commande, de la disponibilité et de la localisation des véhicules présents sur les voies de circulation ne permet pas aux clients potentiels de sélectionner eux-mêmes un chauffeur.
Le dispositif électronique qui fait état en temps réel de l’offre de véhicules est réservé aux taxis.
En pratiquant la maraude électronique, la plateforme de VTC a donc commis une faute de concurrence déloyale.
Question n°2 - Une plateforme de mise en relation entre chauffeurs de VTC et clients potentiels est-elle l’employeur de ces chauffeurs ?
Repère : Qu’est-ce qu’un travail salarié ?
Le travail salarié est une activité professionnelle dans le cadre de laquelle il existe un lien de subordination entre l’employeur et le travailleur.
Le droit français ne connaît que deux statuts professionnels : celui de travailleur indépendant et celui de travailleur salarié.
Un contrat d’entreprise permet à un travailleur indépendant de réaliser une prestation pour le compte d'une société. Si ce contrat fait apparaître un lien de subordination entre l’entreprise et le prestataire, il est possible de le requalifier en contrat de travail.
Le contrat de travail fait alors poser sur l’entreprise et le travailleur un certain nombre d’obligations supplémentaires.
Réponse - Dans cette affaire, la façon dont les chauffeurs de VTC collaborent avec la plateforme repose sur la même dynamique que celle d’un contrat de travail.
La relation de travail nouée entre la centrale de réservation et les chauffeurs VTC se caractérisait notamment par :
- une disponibilité immédiate des chauffeurs une fois connectés ;
- un ordre de course adressé aux chauffeurs grâce au système de géolocalisation ;
- des tarifs fixés unilatéralement par la plateforme ;
- l’obtention de bonus conditionnée au nombre de courses réalisées sur des créneaux horaires définis par la plateforme ;
- l’interdiction pour les chauffeurs d'entrer en relation personnelle et directe avec les clients ;
- la possibilité pour la plateforme de résilier de façon anticipée et unilatérale sa collaboration avec les chauffeurs.
Ainsi, cette plateforme de VTC ne respecte par le droit du travail.
La Cour de cassation rejette donc le pourvoi.
Lire la décision
Pièces jointes
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