"On va arrêter d'être ubérisé" : 200 chauffeurs amorcent leur projet de coopérative VTC à Saint-Denis
500 chauffeurs, ex-salariés d'Uber, souhaitent se réunir au sein d'une coopérative pour faire face au géant américain. Ils étaient quelque 200 à se rassembler ce dimanche à la mairie de Saint-Denis, pour une première étape de lancement du projet. La plateforme doit voir le jour en 2022.

Quelque 200 chauffeurs réunis à la mairie de Saint-Denis pour la validation de leur projet de coopérative VTC, le 28 novembre 2021.
"S'émanciper" face au
géant Uber. C'est l'objectif d'une future
coopérative de chauffeurs VTC, dont le projet a été acté ce 28 novembre à la mairie de Saint-Denis. La plateforme, qui n'a pas encore de nom, fonctionnera
comme un site de réservation classique. Il doit voir le jour au
premier trimestre 2022.
Pour le créateur du projet, Brahim Ben Ali, il s'agit de permettre aux chauffeurs de
"vivre convenablement et dignement" de leur travail, grâce à une
"redistribution des richesses". Cet
ancien salarié d'Uber, aujourd'hui secrétaire général du syndicat INV (Intersyndicale nationale VTC), explique que
"lorsque vous consommez chez Uber, votre argent n'est pas redistribué puisqu'il y a de l'évasion fiscale. Mais si vous commandez chez nous, une entreprise française qui paie ses taxes en France, vous améliorez nos infrastructures : hôpitaux, écoles ... Puisque vous consommez made in France", souligne-t-il.
Malika, originaire de
Seine-Saint-Denis comme
30% des chauffeurs impliqués dans le projet, a souhaité en faire partie pour
"arrêter d'être à la botte d'Uber. Aujourd'hui, ce sont des machines qui me parlent, et je trouve ça sidérant. Il n'y a aucun humain en face de moi", explique-t-elle. La quadragénaire souhaite également pouvoir s'offrir
un salaire plus digne.
"Si un client paie une course 15 euros, et que j'en touche 13, je dois tout de même en déclarer 15 à l'Urssaf parce qu'Uber ne déclare pas sa TVA. Je trouve ça immonde", abonde-t-elle. Pour Malika, le projet de coopérative est donc
"une chance, en termes de salaire, de reconnaissance mais aussi de protection sociale." Cette conductrice VTC espère aussi que
"d'autres chauffeurs se joindront à l'aventure, pour qu'à terme Uber s'effondre."
Un projet soutenu par les collectivités
Le projet de coopérative VTC est également
soutenu par les collectivités locales. La Seine-Saint-Denis va y participer
à hauteur de 25.000 euros, afin de soutenir
"les femmes et les hommes qui luttent contre la précarité et qui créent un nouveau modèle économique", souligne le président du département
Stéphane Troussel.
Quant à la ville de Saint-Denis, elle espère que ce projet de coopérative VTC permettra de
développer l'emploi local.
"Nous sommes le territoire qui va accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, la coupe du monde de rugby, nous sommes candidats pour être capitale européenne de la culture en 2028 ... Nous avons donc une dynamique événementielle et touristique importante, et les besoins en chauffeurs seront encore plus importants dans le futur", souligne le maire
Mathieu Hanotin. L'élu se dit également prêt
à accueillir le siège social de la future coopérative.