Bonjour,
Maître Assous et Mlle Hafsia Herzi n'étaient pas présents au Tribunal.
Le juge a rendu sa décision sur les vices de formes.
Les insultes ne sont pas retenus pour des raisons de formes en revanche Mlle Hafsia Herzi devra répondre de l'insulte à caractère raciale non publique.
Le plus dur est fait elle sera donc jugée pour les faits le plus grave, tout talentueux qu'il est son avocat a échoué.
Le procès aura donc lieu le 27 septembre à 09H00 au nouveau Tribunal de Paris.
Pour ceux qui souhaitent assister aux plaidoiries ce sera le moment d'être là.
Je remets l'article de Fatima Nimani qui avait été interpellé par cette affaire et les SMS mis en ligne sur le forum.
LE LOUP ET L’AGNEAU de Fatima Nimani
Ma réaction à la lecture, sur un forum, du témoignage d’un chauffeur VTC ayant porté plainte, après avoir été insulté et menacé par l’actrice Hafsia Herzi. Laquelle tente de le salir en l’accusant d’avances sexuelles :
https://uberzone.fr/…/vtc-insulté-et-harcelé-par-lactrice-…/
A lire le récit de ce chauffeur, on a affaire au caprice d’une petite star pleine d’elle-même. Ces starlettes souffrent trop souvent d’impunité. Mais là n’est pas le plus grave. Au lieu de reconnaître qu’elle s’est emportée et qu’elle a eu tort, d’effacer l’ardoise par un échange de courtoisies, elle accuse et pose sur la table toutes ses plus belles cartes : elle est une femme, elle est actrice, elle est d’origine maghrébine ; il est un homme, il est chauffeur VTC, il est d’origine maghrébine. Le loup et l’agneau. La partie paraît jouée d’avance. Dans ce genre d’affaire, la charge de la preuve est inversée puisqu’on est inconsciemment porté à présupposer l’homme, le travailleur, le maghrébin, coupable. Comment pourrait-il ne pas la désirer, elle qui est jolie et connue – ou pas – pour le registre érotique de ses rôles ? Comment pourrait-il ne pas la sermonner, elle qui incarne la petite sœur, quand il est lui de facto le grand frère ? Elle est émancipée socialement, il travaille dur. Les arguments mobilisés par son avocat touchent à des archétypes malheureusement bien ancrés. Le travailleur français d’origine maghrébine incarne le patriarcat répressif des quartiers qui empêche les jeunes filles d’origines maghrébines de s’émanciper et de s’assimiler, le frère garde ses sœurs pour lui comme l’ogre dévore les enfants qui passent sa porte. La jeune fille (ici enceinte) est un petit chaperon rouge, une biche apeurée.
Extrait des conclusions de l’avocat de Hafsia Herzi, page 8 :
"Le conducteur a notamment fait de nombreuses allusions à connotation sexuelle sur lesdits films dans lesquels le rôle joué par Madame Hafsia HERZI impliquait son dévêtissement à l’écran (L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Sex Doll), tout en lui reprochant une attitude peu conforme aux règles religieuses."
Extrait des conclusions adverses, page 11 :
"Ce comportement reproché à Monsieur X est celui plus tôt indiqué, à savoir un discours inadapté d’un chauffeur à sa cliente sur ses rôles dénudés joués au cinéma, avec des avances grossièrement sexuelles, suivies de considérations teintées de religiosité."
Seulement, devant la justice, les faits seuls doivent compter. Ici les sms, uniques preuves factuelles, montrent que le loup n’est pas celui que l’on croit. Le loup ici a le visage d’une biche. Elle exige qu’on l’emmène là où elle veut et se fiche de ce qu’a à faire Monsieur. Elle le dit de la façon et sur le ton qui lui sied, c’est-à-dire avec la plus grande impolitesse. Si on ne fait pas ce qu’elle désire tout de suite, elle insulte, menace, insulte encore. Les insultes sont à caractère racial. Le racisme n’est pas bien joli, il l’est encore moins quand s’y ajoute la haine de soi. Elle le traite de « sale arabe » et accuse de prostitution la mère et la grand-mère de ce même « arabe » qui au passage est un français comme elle. L’inversion accusatoire visera à nous laisser imaginer qu’il est homme à enfermer la jeune actrice dans sa condition de femme d’origine maghrébine. Il est le despote, le misogyne et le raciste. Despote, c’est elle qui veut être obéit au doit et à l’œil. Misogyne, elle qui insulte la mère et la grand-mère du chauffeur. Raciste, elle le traite de sale arabe.
Ce n’est pas parce que l’on est une jeune femme, française et d’origine maghrébine que l’on ignore les rouages du vice. L’éternelle innocence de la jeune fille devant la puissance infinie des mâles est un mythe défavorable à l’égalité des sexes. Un féminisme cohérent appellerait à une absence de traitement de faveur. De même, ce n’est pas parce qu’on est un français d’origine maghrébine que l’on a pour obsession le sexe et la domination des femmes. Mais le traitement de faveur, son avocat ne l'attend pas simplement parce qu'elle est une femme. Il invoque, et pourquoi s'en priver, l'origine maghrébine de la jeune femme. Elle le traite de "sale arabe", seulement, elle aussi est d'origine maghrébine. Il y aurait donc "absence de mobile racial" d'après l'avocat d'Hafsia Herzi.
Page 11 extrait des conclusions de l’avocat de Hafsia Herzi :
"L’expression « sale arabe » entre deux « arabes », ou deux personnes ayant des origines maghrébines a une signification ironique qui peut évidemment échapper en l’absence d’explication de texte : l’un reproche à l’autre de se comporter exactement comme se comportent les arabes dans l’imaginaire caricatural, et caricaturé peut-être, des personnes dites racistes : avec machisme, vulgarité et lourdeur.
Autrement-dit, Madame Hafsia HERZI reproche à Monsieur X un comportement qui donne finalement raison aux discours racistes et qui ruine ainsi les efforts déployés pour démontrer l’ineptie du racisme qui généralise un type depuis un cas individuel."
(...)
"Mais il n’y a pas dans la vie comme dans la pensée et dans les mots de Madame Hafsia HERZI la moindre once de racisme et moins encore à l’endroit de M. X : en ce sens il n’y a pas eu injure à caractère racial."
Elle pourrait difficilement haïr les arabes, nous dit son avocat, elle qui est d'origine tunisienne par son père et d'origine algérienne par sa mère. Elle les aime forcément puisqu'elle est souvent amenée à jouer des rôles de maghrébines. C'est nier pourtant la possibilité pour cette jeune femme de haïr sa propre origine éthnique. Elle avoue par ailleurs, elle-même, dans divers journaux souffrir d'être cantonnée à un rôle de maghrébine (pièce n°4). La haine de soi peut déboucher sur un racisme aussi virulant que celui envers "l'étranger" à proprement parler. C'est aussi oublier la dimension sociale propre au racisme, c'est-à-dire le mépris de classe. L'injure raciale renvoie à une catégorie sociale dépréciée. On est tous potentiellement l'arabe de quelqu'un, c'est-à-dire celui d'en-bas, un Jean Valjean. Ici, que "l'arabe" soit l'arabe d'un arabe ne change rien. Il y a mépris de classe et violence raciale. Ce n’est pas parce qu’on est une française d’origine maghrébine que l’on est guéri des préjugés de classe. On ne peut, au nom de l'antiracisme, et sous couvert d'appartenir à la "diversité" s'octroyer le privilège de l'injure raciale. Le loup et l'agneau donc renverse l'ordre de la pièce et inverse les visages des protagonistes attendus.
