Le député de Saône-et-Loire, exclu du gouvernement en septembre 2014 à cause de ses impôts impayés, a voulu évaluer sur le terrain les effets de sa loi sur les taxis et les VTC. Reportage.
Vis ma vie de chauffeur et de taxi. Thomas Thévenoud a voulu fêter le premier anniversaire de la loi qui porte son nom in situ. Sur un siège passager avant, décontracté en jean, moustache et bracelet brésilien au poignet, le député de Saône-et-Loire, mis au ban du groupe PS pour cause de déboires fiscaux, file à bord de la Peugeot 508 de Mounir Benaïcha, chauffeur de VTC depuis quatre ans. La voiture s'arrête pour prendre un client, mais celui-ci tique à la vue du parlementaire. « Bonjour, je suis député. J'ai fait une loi sur les taxis et les VTC et je veille à son application », tente Thévenoud. Peine perdue. La course est annulée, et la berline repart, à vide.
« Selon votre loi, en attendant d'être appelé par un nouveau client, je dois retourner à ma base, grommelle le chauffeur. Mais ma base, elle est à Asnières (NDLR : dans les Hauts-de-Seine). » Il y a plus pratique quand on est place de la Madeleine (Paris IX e)... « C'est compliqué », admet Thévenoud, qui a écrit hier à Manuel Valls pour lui faire part de ce type d'observations. « Là, si je me fais contrôler en train de circuler, c'est 1 500 € d'amende », insiste le conducteur.
Mounir Benaïcha est bientôt appelé par une jeune et chic anglaise qui embarque. Kit mains libres fiché dans les oreilles, elle est en grande conversation téléphonique. « Il y a déjà des gens dans la voiture, génial ! » lance-t-elle à son interlocuteur. Dans un anglais hésitant, le député présente son projet. « Je suis au téléphone, en fait », lui répond-elle dans une version nettement plus bourgeoise (et cassante) de la langue de Shakespeare. Pas de quoi doucher l'enthousiasme du parlementaire. « C'est important ce travail d'évaluation. Notre rôle, ce n'est pas seulement d'écrire la loi », glisse-t-il. La cliente déposée, l'atmosphère se détend. « Le président, vous le tutoyez ? » demande le chauffeur. « Oui, répond le parlementaire. Mais on ne s'est pas parlé depuis longtemps. Restons sur cette bonne journée... »
« Là, comment ça se passe ? » Thomas Thévenoud est désormais installé dans la Toyota Prius de Nordine Dahmane, taxi et secrétaire général de FO-UNCP. « On tourne », souffle le conducteur. Longtemps, aurait-il pu préciser. Aucun passant ne lève le bras. Nordine Dahmane peste contre les VTC qui maraudent aux abords des gares ou des aéroports et ne retournent pas à leur base. « On vote des lois et on ne se donne pas les moyens de les faire appliquer », râle-t-il. Thévenoud note.
Le responsable syndical reçoit le SMS d'un collègue, exaspéré par la présence de VTC à Roissy. « Ça ne peut plus durer, je sature », dit le message. Nordine Dahmane commente : « On voit tous les jours la différence sur le chiffre d'affaires. C'est comme en juin(NDLR : au plus fort de la guerre VTC-taxis). Le gouvernement laisse pourrir la situation jusqu'à ce que ça explose. » Thévenoud, éphémère secrétaire d'Etat éjecté au bout de neuf jours pour non-paiement de ses impôts, abonde : « Personne ne veut s'occuper de ce dossier. Ce n'est pas valorisant, et il n'y a que des coups à prendre. » Sa solution à lui ? « Que les taxis se modernisent et que les VTC respectent les règles. » Il en est convaincu : « Il y a de la place pour tout le monde. » La gare Montparnasse, la tour Eiffel et les Champs-Elysées défilent. Toujours pas de client à l'horizon. « Ce n'est pas tout le temps comme ça », relativise Nordine Dahmane. « C'est parce qu'il y avait un député dans la voiture, blague Thévenoud. Ce n'est pas très bon pour l'image de marque. »
@Pauline_Th
« Je pense que je serai réélu »
Thomas Thévenoud veut ouvrir une nouvelle page. Loin de la tempête provoquée par la « phobie administrative » qui lui a coûté sa place au gouvernement comme au PS et qui lui colle à la peau tel le sparadrap du capitaine Haddock. Le député admet « avoir fait des conneries ». Cependant, il balaie : « Aujourd'hui, je suis nickel. Je suis à jour de mes obligations. Point final. » Le Thévenoud d'aujourd'hui ? « Je fais mon boulot. Je fais aussi beaucoup de choses qui n'ont rien à voir avec la politique, je vois d'autres gens, et ça me fait du bien. » Il veut s'occuper de son dossier taxis-VTC, se pencher sur l'ubérisation de l'économie et... briguer un nouveau mandat en 2017. « Je ne me défile pas », lance-t-il, tout en assurant qu'il reçoit à nouveau un bon accueil dans sa circonscription de Saône-et-Loire. Il ne sait pas encore s'il aura un candidat PS face à lui. « Ce sera difficile à cause de moi, mais pas seulement... » estime-t-il, en référence à l'impopularité du gouvernement. Ce qui ne l'empêche pas de prédire : « Je pense que je serai réélu. »
Sources :
http://m.leparisien.fr/politique/en-taxi-avec-thomas-thevenoud-10-11-2015-5263231.php
Vis ma vie de chauffeur et de taxi. Thomas Thévenoud a voulu fêter le premier anniversaire de la loi qui porte son nom in situ. Sur un siège passager avant, décontracté en jean, moustache et bracelet brésilien au poignet, le député de Saône-et-Loire, mis au ban du groupe PS pour cause de déboires fiscaux, file à bord de la Peugeot 508 de Mounir Benaïcha, chauffeur de VTC depuis quatre ans. La voiture s'arrête pour prendre un client, mais celui-ci tique à la vue du parlementaire. « Bonjour, je suis député. J'ai fait une loi sur les taxis et les VTC et je veille à son application », tente Thévenoud. Peine perdue. La course est annulée, et la berline repart, à vide.
« Selon votre loi, en attendant d'être appelé par un nouveau client, je dois retourner à ma base, grommelle le chauffeur. Mais ma base, elle est à Asnières (NDLR : dans les Hauts-de-Seine). » Il y a plus pratique quand on est place de la Madeleine (Paris IX e)... « C'est compliqué », admet Thévenoud, qui a écrit hier à Manuel Valls pour lui faire part de ce type d'observations. « Là, si je me fais contrôler en train de circuler, c'est 1 500 € d'amende », insiste le conducteur.
Mounir Benaïcha est bientôt appelé par une jeune et chic anglaise qui embarque. Kit mains libres fiché dans les oreilles, elle est en grande conversation téléphonique. « Il y a déjà des gens dans la voiture, génial ! » lance-t-elle à son interlocuteur. Dans un anglais hésitant, le député présente son projet. « Je suis au téléphone, en fait », lui répond-elle dans une version nettement plus bourgeoise (et cassante) de la langue de Shakespeare. Pas de quoi doucher l'enthousiasme du parlementaire. « C'est important ce travail d'évaluation. Notre rôle, ce n'est pas seulement d'écrire la loi », glisse-t-il. La cliente déposée, l'atmosphère se détend. « Le président, vous le tutoyez ? » demande le chauffeur. « Oui, répond le parlementaire. Mais on ne s'est pas parlé depuis longtemps. Restons sur cette bonne journée... »
« Là, comment ça se passe ? » Thomas Thévenoud est désormais installé dans la Toyota Prius de Nordine Dahmane, taxi et secrétaire général de FO-UNCP. « On tourne », souffle le conducteur. Longtemps, aurait-il pu préciser. Aucun passant ne lève le bras. Nordine Dahmane peste contre les VTC qui maraudent aux abords des gares ou des aéroports et ne retournent pas à leur base. « On vote des lois et on ne se donne pas les moyens de les faire appliquer », râle-t-il. Thévenoud note.
Le responsable syndical reçoit le SMS d'un collègue, exaspéré par la présence de VTC à Roissy. « Ça ne peut plus durer, je sature », dit le message. Nordine Dahmane commente : « On voit tous les jours la différence sur le chiffre d'affaires. C'est comme en juin(NDLR : au plus fort de la guerre VTC-taxis). Le gouvernement laisse pourrir la situation jusqu'à ce que ça explose. » Thévenoud, éphémère secrétaire d'Etat éjecté au bout de neuf jours pour non-paiement de ses impôts, abonde : « Personne ne veut s'occuper de ce dossier. Ce n'est pas valorisant, et il n'y a que des coups à prendre. » Sa solution à lui ? « Que les taxis se modernisent et que les VTC respectent les règles. » Il en est convaincu : « Il y a de la place pour tout le monde. » La gare Montparnasse, la tour Eiffel et les Champs-Elysées défilent. Toujours pas de client à l'horizon. « Ce n'est pas tout le temps comme ça », relativise Nordine Dahmane. « C'est parce qu'il y avait un député dans la voiture, blague Thévenoud. Ce n'est pas très bon pour l'image de marque. »
@Pauline_Th
« Je pense que je serai réélu »
Thomas Thévenoud veut ouvrir une nouvelle page. Loin de la tempête provoquée par la « phobie administrative » qui lui a coûté sa place au gouvernement comme au PS et qui lui colle à la peau tel le sparadrap du capitaine Haddock. Le député admet « avoir fait des conneries ». Cependant, il balaie : « Aujourd'hui, je suis nickel. Je suis à jour de mes obligations. Point final. » Le Thévenoud d'aujourd'hui ? « Je fais mon boulot. Je fais aussi beaucoup de choses qui n'ont rien à voir avec la politique, je vois d'autres gens, et ça me fait du bien. » Il veut s'occuper de son dossier taxis-VTC, se pencher sur l'ubérisation de l'économie et... briguer un nouveau mandat en 2017. « Je ne me défile pas », lance-t-il, tout en assurant qu'il reçoit à nouveau un bon accueil dans sa circonscription de Saône-et-Loire. Il ne sait pas encore s'il aura un candidat PS face à lui. « Ce sera difficile à cause de moi, mais pas seulement... » estime-t-il, en référence à l'impopularité du gouvernement. Ce qui ne l'empêche pas de prédire : « Je pense que je serai réélu. »
Sources :
http://m.leparisien.fr/politique/en-taxi-avec-thomas-thevenoud-10-11-2015-5263231.php