- 23 Décembre 2017
- 463
- 409
- Localité
- Cote d'Azur
- Véhicule
- Toyota C-HR
VTC avec ceinture de sécurité... sociale
Le patron d'Uber, Dara Khosrowshahi, avait bien choisi le lieu et le moment pour annoncer, mercredi 23 mai, que ses 150 000 chauffeurs et coursiers en Europe (dont 35 000 en France) bénéficieront gratuitement, à partir du 1er juin, d'une couverture maladie-accident du travail (y compris en dehors des courses) gérée par l'assureur Axa : le sommet " Tech for Good ", organisé par Emmanuel Macron.
Ce déjeuner élyséen était organisé pour discuter de la contribution de ce secteur à l'intérêt général. Et une partie de la soixantaine de géants ou start-up conviés (Facebook, IBM, Microsoft…) en a profité pour promettre des investissements et de nouveaux emplois en France. Une occasion aussi choisie par Deliveroo, la plate-forme britannique de livraison de repas à domicile, pour prendre un engagement sur l'extension au niveau mondial de la couverture accident-responsabilité civile existant déjà pour ses livreurs français.
Sans ses chauffeurs, " Uber ne serait pas l'entreprise qu'elle est aujourd'hui ", mais " nous l'avons perdu de vue ", reconnaît l'entreprise sur son blog. Il entre pourtant peu de philanthropie – et beaucoup d'intérêt bien compris – dans sa démarche. La plate-forme dite " collaborative " cherche à retenir ses chauffeurs indépendants, dont la situation (précarité, rémunération, durée du travail…) est dénoncée par les syndicats et les hommes politiques. Quand elle n'est pas portée devant les tribunaux.
Dans un environnement où la concurrence s'exacerbe et où elle n'est pas la bienvenue dans plusieurs capitales, la société de San Francisco cherche à ripoliner son image. De nombreux pays imposent une protection sociale minimale et renâclent à une " ubérisation " qui fait éclater le modèle du salariat fondé sur un contrat avec un employeur. " On ne peut pas passer d'un monde de taxis protégés par une convention à un monde où il y a zéro protection ", notait récemment l'économiste Daniel Cohen au Club de l'économie du Monde. Les dirigeants d'Uber ont fini par admettre avoir négligé clients et chauffeurs en étant trop " agressifs " et focalisés sur la croissance.
Un avenir incertain
Une croissance toujours non rentable. Depuis sa création en 2009, l'entreprise n'a jamais été bénéficiaire. Elle a encore annoncé, mercredi, une perte de 577 millions de dollars (492 millions d'euros) sur les trois premiers mois de l'année (contre 741 millions au dernier trimestre 2017), malgré une explosion de son chiffre d'affaires (+ 67 %). Ce qui ne l'empêche pas d'être valorisée 62 milliards, a-t-elle calculé, sur la base du prix des nouvelles actions à 40 dollars qu'elle va vendre à des investisseurs.
Le marché ignore combien vaut réellement Uber ; il faudra attendre son introduction en Bourse, annoncée pour 2019. L'heure de vérité pour cette " licorne ", dont le modèle économique – et donc l'avenir – reste incertain. Est-ce dans le déploiement d'un parc de voitures sans chauffeur, un de ses principaux axes de développement, pourtant freiné par un accident mortel en Arizona ? Ou le taxi volant ? Investisseurs, accrochez vos ceintures !
Jean-Michel Bezat
© Le Monde
Le patron d'Uber, Dara Khosrowshahi, avait bien choisi le lieu et le moment pour annoncer, mercredi 23 mai, que ses 150 000 chauffeurs et coursiers en Europe (dont 35 000 en France) bénéficieront gratuitement, à partir du 1er juin, d'une couverture maladie-accident du travail (y compris en dehors des courses) gérée par l'assureur Axa : le sommet " Tech for Good ", organisé par Emmanuel Macron.
Ce déjeuner élyséen était organisé pour discuter de la contribution de ce secteur à l'intérêt général. Et une partie de la soixantaine de géants ou start-up conviés (Facebook, IBM, Microsoft…) en a profité pour promettre des investissements et de nouveaux emplois en France. Une occasion aussi choisie par Deliveroo, la plate-forme britannique de livraison de repas à domicile, pour prendre un engagement sur l'extension au niveau mondial de la couverture accident-responsabilité civile existant déjà pour ses livreurs français.
Sans ses chauffeurs, " Uber ne serait pas l'entreprise qu'elle est aujourd'hui ", mais " nous l'avons perdu de vue ", reconnaît l'entreprise sur son blog. Il entre pourtant peu de philanthropie – et beaucoup d'intérêt bien compris – dans sa démarche. La plate-forme dite " collaborative " cherche à retenir ses chauffeurs indépendants, dont la situation (précarité, rémunération, durée du travail…) est dénoncée par les syndicats et les hommes politiques. Quand elle n'est pas portée devant les tribunaux.
Dans un environnement où la concurrence s'exacerbe et où elle n'est pas la bienvenue dans plusieurs capitales, la société de San Francisco cherche à ripoliner son image. De nombreux pays imposent une protection sociale minimale et renâclent à une " ubérisation " qui fait éclater le modèle du salariat fondé sur un contrat avec un employeur. " On ne peut pas passer d'un monde de taxis protégés par une convention à un monde où il y a zéro protection ", notait récemment l'économiste Daniel Cohen au Club de l'économie du Monde. Les dirigeants d'Uber ont fini par admettre avoir négligé clients et chauffeurs en étant trop " agressifs " et focalisés sur la croissance.
Un avenir incertain
Une croissance toujours non rentable. Depuis sa création en 2009, l'entreprise n'a jamais été bénéficiaire. Elle a encore annoncé, mercredi, une perte de 577 millions de dollars (492 millions d'euros) sur les trois premiers mois de l'année (contre 741 millions au dernier trimestre 2017), malgré une explosion de son chiffre d'affaires (+ 67 %). Ce qui ne l'empêche pas d'être valorisée 62 milliards, a-t-elle calculé, sur la base du prix des nouvelles actions à 40 dollars qu'elle va vendre à des investisseurs.
Le marché ignore combien vaut réellement Uber ; il faudra attendre son introduction en Bourse, annoncée pour 2019. L'heure de vérité pour cette " licorne ", dont le modèle économique – et donc l'avenir – reste incertain. Est-ce dans le déploiement d'un parc de voitures sans chauffeur, un de ses principaux axes de développement, pourtant freiné par un accident mortel en Arizona ? Ou le taxi volant ? Investisseurs, accrochez vos ceintures !
Jean-Michel Bezat
© Le Monde