Paris dégaine son plan anti-pipi
La capitale veut éradiquer les « épanchements d’urine sauvages ». Elle verbalise à tour de bras et lance une batterie de nouvelles « pissotières ».
Les murs de la ville lumière sont-ils attaqués par l'urine ? Peut-on tolérer que les hommes - et quelques femmes - continuent d'uriner en toute impunité sur la voie publique, en plein Paris, notamment le soir, à la sortie des bars ?
À l'Hôtel de ville, on a tranché. Paris dégaine son nouveau plan anti-pipi. La ville vient de grossir les rangs de sa nouvelle DPSP (Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection). Dorénavant, 3 200 agents (en incluant les effectifs de la préfecture) dont 320 jour et nuit 7 jours sur 7, patrouillent et ventilent du PV contre toutes les incivilités (urine, mais aussi dépôts sauvages, jets de mégots, etc). En 2015, il n'y avait 96 agents…
Conjointement, la ville lance une batterie de
nouvelles « pissotières » dont des « uritrottoirs » - « l'urine est filtrée par la paille, précise-t-on à l'Hôtel de ville, et vient enrichir un compost végétal avec un apport d'azote et phosphore ». Trois prototypes sont testés depuis décembre gare de Lyon (XIIe), et depuis ce mois-ci face au Jardin des plantes (Ve) et boulevard de Clichy, à la sortie du Moulin Rouge (XVIIIe).
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Ces nouveautés complètent les traditionnelles
425 sanisettes gratuites gérées par Decaux, les seules mixtes de Paris, dont 159 ouvertes 24 heures sur 24. « Le bémol, note Mao Peninou (LREM), adjoint d'Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, chargé de toutes les questions relatives à la propreté, c'est que le raccordement à l'eau est compliqué et que surtout, le taux de fréquentation est trop bas : dix minutes de lavage entre chaque visite, ça fait dix personnes à l'heure! »
La ville entend ainsi dépasser le
fiasco de sa peinture anti-pipi : « On s'était porté volontaire sur le XVe », se souvient Jean-Yves Pinet. Le maire adjoint (LR) chargé de la sécurité à la mairie du XVe déplore des murs de copropriété et des murs publics imbibés d'urine et attaqués. « Le système était prometteur. La peinture renvoie l'urine sur les chaussures. C'est l'arroseur arrosé. Sauf que c'était 3 000 € le m2, s'étrangle l'élu. Et plein de produits nocifs. » À l'Hôtel de ville, Mao Peninou, philosophe, confirme : « On a laissé tomber ».
Un miroir... antipipi
La ville va aussi tester de nouvelles toilettes escamotables dans le sol, pour hommes, inspirés d'Amsterdam, notamment sur le canal Saint-Martin (Xe). Plus de 34 toilettes temporaires dites « obus », comme dans les festivals, vont également se greffer aussi sur ce dispositif d'été. Des gouttières sur le sol vont enfin être testées.
Enfin, le nec plus ultra… Paris lance ce qui pourrait s'appeler « Messieurs ! regardez-vous faire pipi ». Un miroir anti-urine a été posé rue Saint-Quentin (Xe), près d'un bar très fréquenté, censé surprendre les indélicats. « C'est moins cher que la peinture », note sérieusement Mao Peninou qui reste toutefois prudent. « On attend de voir le retour. »
Éric (dont le prénom a été changé) a fait les frais des 68 euros. Il a « moyennement apprécié ». En février dernier, cet architecte, quadra, sortait à deux heures du matin « bourré, je le reconnais » d'un bar de la rue Oberkampf (XIe). « J'avais trop envie. Je ne me suis pas posé de question. » Sauf qu'Éric « en refermant (s)a braguette » a entendu dans son dos : « Bonjour Monsieur ! » C'était une brigade d'agents qui patrouillaient. « Ils ont sorti le carnet. J'étais un peu géné. Le lendemain, quand j'ai regardé le PV et vu écrit épanchement d'urine, j'avais envie de rigoler mais en même temps, j'avais un peu honte ! ».
5 381 Parisiens verbalisés
Une chose est sûre : l'« épanchement d'urine » est un problème majeur à Paris. Preuve en est le nombre de verbalisations : 5 381 pour 2017. Au tarif de 68 euros le pipi ! Par rapport à l'année précédente, il y a une hausse de 165 % ! La ville qui a décidé de lutter contre le phénomène veut se donner les moyens...
La capitale veut éradiquer les « épanchements d’urine sauvages ». Elle verbalise à tour de bras et lance une batterie de nouvelles « pissoti
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