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Info « Les plateformes en mauvaise forme »


Info « Les plateformes en mauvaise forme »

  • Auteur de la discussion AZF
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AZF

La passion du VTC
PREMIUM
MODO
VTC
14 Décembre 2016
5 771
6 093
Localité
Paris
Véhicule
Toyota Prius 4
Dans ce monde incertain, une seule certitude : tout se retourne à la vitesse grand V. Les engouements des années passées, de l’an dernier, du mois écoulé, d’hier, font les désenchantements d’aujourd’hui et les repoussoirs de demain. Vrai en politique, vrai en art et divertissement, vrai en business.
C’est en particulier le cas ces temps-ci avec les plateformes. Adulés comme le modèle économique d’avenir, ces boites d’ordinateurs qui se limitent à mettre en relation rapide des milliers producteurs indépendants avec des masses de clients, croulent aujourd’hui sous les déboires politiques, sociaux et financiers. Facebook ? Une horreur à fuir. Uber ? Une bête à éviter. Airbnb ? Un destructeur à taxer.

Il faut dire que le capitalisme est un sacré coco. Les marchés financiers, on ne cesse de le leur reprocher, veulent des résultats trimestriels. Ils contraignent les exécutifs à gouverner le nez collé sur « la ligne du bas ». Le juge de leur qualité managériale et de leur jolie rémunération est le cours de Bourse. D’où un capitalisme court-termiste devenu si frileux qu’il accumule des trésors de profits mais ne sait qu’en faire sinon racheter ses propres actions. Eh bien ce capitalisme-financier-là mène en parallèle un manège totalement opposé. Il a une étrange double vie.

Uber a sonné la cloche à Wall Street vendredi dernier avec des comptes qui annonçaient 1,8 milliard de dollars de pertes l’an dernier. L’inventeur du Véhicule de Tourisme avec Chauffeur (VTC) va à la cote sans jamais avoir gagné d’argent et après avoir grillé au total 4 milliards de dollars depuis sa création en 2009. Le drôle de coco capitaliste exige des profits ici et adore les pertes là. Plus elles sont grosses et plus l’entreprise lui paraît prometteuse. C’est une stratégie : Uber investit dans l’accroissement de sa clientèle et construit, comme Amazon nous vante-t-on, son futur monopole.

La bourse comme moyen de refiler des mauvais rutabagas aux nigauds d’épargnants retraités, ce n’est pas nouveau. Les malins n’ont pas attendu la high-tech pour en faire une industrie dorée. Mais les Venture Capitalists qui ont mis 9 millions de dollars dans Uber en 2011 sont des maîtres : ils vont toucher 8 milliards de dollars.

Dans le contexte désastreux de Wall Street transpercé plusieurs fois par semaine par les tweets de Donald Trump, le titre Uber émis « prudemment » dixit les vendeurs, à 45 dollars, a fondu de 7,6 % lors de son premier bain. Pas grave. Gardez confiance. Uber est une plateforme, la plateforme c’est l’avenir. Voire.

Tous les jours de la semaine écoulée, de New York à San Francisco, les chauffeurs d’Uber ont manifesté pour réclamer une meilleure rémunération. La compagnie utilise (on ne dit pas emploie) trois millions de chauffeurs dans le monde. Les VTC présentent beaucoup d’avantages pour les clients, en bousculant le secteur malthusien des taxis, mais aussi pour les chauffeurs leur en offrant un travail.
Si la paie est maigre, c’est que le business model est très tendu : le groupe cherche à se développer partout dans le monde et comme les « barrières à l’entrée » sont faibles la concurrence pousse comme les champignons.
Les Venture Capitalist, dotés d’un argent qui ruisselle depuis la corne d’abondance des banques centrales, financent la course de vitesse à la taille entre Uber et tous les opposants.
Certains, comme le géant japonais Softbank, misent sur plusieurs plaques à la fois. Ils appellent cela le « blitzscaling », grandir très vite, à force de dizaines ou centaines de millions de dollars. En attendant d’avoir emporté la partie, le prix de la course et donc le reversement aux chauffeurs, reste la clé du succès.

Tourniquet vertueux. Voilà pourquoi, Uber ne peut pas payer mieux. Il ne le pourrait que dans les pays où il aurait réussi à s’installer comme monopole mais on retomberait dans la glaciation des taxis et une courageuse start-up ne manquerait pas de passer à l’attaque. Autrement dit, le modèle plateforme type Uber est sans repos, sinon sans bénéfice.

Premier écueil. Nous ne sommes pas à la veille d’une explosion de la bulle internet comme en 2000. Mais le Venture capitalisme qui verse des centaines de milliards de dollars à des firmes déficitaires qui ne s’en sortiront qu’en espérant écraser leur concurrence est un mauvais pari.

Le deuxième écueil est lié. Le Graal est atteint par les Google, Facebook ou Amazon lorsque le manège entre dans le tourniquet vertueux : plus il y a des clients, plus le site est intéressant. Le nombre de vos amis sur Facebook augmente et votre ego avec. Google offre de plus en plus de références. Amazon vend de tout et vous livre en 24 heures. L’effet d’agrégation accélère… jusqu’au trop, c’est trop.

On y est pour le GAFA qui subit une contre-offensive d’ampleur mondiale. La même semaine passée, dans le New York Times, Chris Hughes le cofondateur de Facebook avec Mark Zuckerberg, explique qu’il est temps de démanteler le géant. Mark, écrit-il, est « une bonne personne » mais avec 60 % des droits de vote, il décide tout tout seul.

« C’est un tsar privé (…) La focalisation sur la croissance lui a commandé de sacrifier la sécurité et la civilité pour des clics (…) le gouvernement doit lui demander des comptes. »
Mark Zuckerberg est allé justement à l’Elysée rencontrer Emmanuel Macron qui prépare une loi en France sur la diffusion des « contenus haineux » et une initiative pour le G7 qu’il va présider. La discussion n’a pas beaucoup avancé. Elle bute sur le fond du sujet.

Si Facebook traîne les pieds depuis deux ans, la raison en est que les propos les plus radicaux sont ceux qui buzzent le plus sur internet. Les positions modérées, les arguments pesés, n’y font pas recette, rapportent peu de clics et détournent les annonceurs. Les médias sociaux vivent de la propagation du feu et du sang, comme d’ailleurs beaucoup de chaînes de télévision en continu.

C’est ce travers d’internet que Facebook entend préserver en refusant l’accès à ses données et algorithmes aux gouvernements au nom du secret des affaires. La seule bonne politique a conclu Chris Hughes n’est pas la régulation qui tapera toujours en dessous de la cible ou le désabonnement rendu quasi-impossible depuis que Mark Zuckerberg a racheté WhatsApp, Messenger et Instagram, mais le découpage en morceaux, comme ce fut fait dans les années 1920 avec les monopoles pétroliers et industriels.

Partout monte la vague, trop c’est trop. Le deuxième écueil du modèle plateforme est l’inévitable démantèlement de celles qui réussissent puisque réussir est tuer la concurrence. Modèle d’avenir la plateforme ? Vous êtes sûr ?
«Les plateformes en mauvaise forme». La chronique d’Eric Le Boucher
 
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Loiseau99

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VTC
UBER
HEETCH
22 Mai 2017
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Paris
Dans ce monde incertain, une seule certitude : tout se retourne à la vitesse grand V. Les engouements des années passées, de l’an dernier, du mois écoulé, d’hier, font les désenchantements d’aujourd’hui et les repoussoirs de demain. Vrai en politique, vrai en art et divertissement, vrai en business.
C’est en particulier le cas ces temps-ci avec les plateformes. Adulés comme le modèle économique d’avenir, ces boites d’ordinateurs qui se limitent à mettre en relation rapide des milliers producteurs indépendants avec des masses de clients, croulent aujourd’hui sous les déboires politiques, sociaux et financiers. Facebook ? Une horreur à fuir. Uber ? Une bête à éviter. Airbnb ? Un destructeur à taxer.

Il faut dire que le capitalisme est un sacré coco. Les marchés financiers, on ne cesse de le leur reprocher, veulent des résultats trimestriels. Ils contraignent les exécutifs à gouverner le nez collé sur « la ligne du bas ». Le juge de leur qualité managériale et de leur jolie rémunération est le cours de Bourse. D’où un capitalisme court-termiste devenu si frileux qu’il accumule des trésors de profits mais ne sait qu’en faire sinon racheter ses propres actions. Eh bien ce capitalisme-financier-là mène en parallèle un manège totalement opposé. Il a une étrange double vie.

Uber a sonné la cloche à Wall Street vendredi dernier avec des comptes qui annonçaient 1,8 milliard de dollars de pertes l’an dernier. L’inventeur du Véhicule de Tourisme avec Chauffeur (VTC) va à la cote sans jamais avoir gagné d’argent et après avoir grillé au total 4 milliards de dollars depuis sa création en 2009. Le drôle de coco capitaliste exige des profits ici et adore les pertes là. Plus elles sont grosses et plus l’entreprise lui paraît prometteuse. C’est une stratégie : Uber investit dans l’accroissement de sa clientèle et construit, comme Amazon nous vante-t-on, son futur monopole.

La bourse comme moyen de refiler des mauvais rutabagas aux nigauds d’épargnants retraités, ce n’est pas nouveau. Les malins n’ont pas attendu la high-tech pour en faire une industrie dorée. Mais les Venture Capitalists qui ont mis 9 millions de dollars dans Uber en 2011 sont des maîtres : ils vont toucher 8 milliards de dollars.

Dans le contexte désastreux de Wall Street transpercé plusieurs fois par semaine par les tweets de Donald Trump, le titre Uber émis « prudemment » dixit les vendeurs, à 45 dollars, a fondu de 7,6 % lors de son premier bain. Pas grave. Gardez confiance. Uber est une plateforme, la plateforme c’est l’avenir. Voire.

Tous les jours de la semaine écoulée, de New York à San Francisco, les chauffeurs d’Uber ont manifesté pour réclamer une meilleure rémunération. La compagnie utilise (on ne dit pas emploie) trois millions de chauffeurs dans le monde. Les VTC présentent beaucoup d’avantages pour les clients, en bousculant le secteur malthusien des taxis, mais aussi pour les chauffeurs leur en offrant un travail.
Si la paie est maigre, c’est que le business model est très tendu : le groupe cherche à se développer partout dans le monde et comme les « barrières à l’entrée » sont faibles la concurrence pousse comme les champignons.
Les Venture Capitalist, dotés d’un argent qui ruisselle depuis la corne d’abondance des banques centrales, financent la course de vitesse à la taille entre Uber et tous les opposants.
Certains, comme le géant japonais Softbank, misent sur plusieurs plaques à la fois. Ils appellent cela le « blitzscaling », grandir très vite, à force de dizaines ou centaines de millions de dollars. En attendant d’avoir emporté la partie, le prix de la course et donc le reversement aux chauffeurs, reste la clé du succès.

Tourniquet vertueux. Voilà pourquoi, Uber ne peut pas payer mieux. Il ne le pourrait que dans les pays où il aurait réussi à s’installer comme monopole mais on retomberait dans la glaciation des taxis et une courageuse start-up ne manquerait pas de passer à l’attaque. Autrement dit, le modèle plateforme type Uber est sans repos, sinon sans bénéfice.

Premier écueil. Nous ne sommes pas à la veille d’une explosion de la bulle internet comme en 2000. Mais le Venture capitalisme qui verse des centaines de milliards de dollars à des firmes déficitaires qui ne s’en sortiront qu’en espérant écraser leur concurrence est un mauvais pari.

Le deuxième écueil est lié. Le Graal est atteint par les Google, Facebook ou Amazon lorsque le manège entre dans le tourniquet vertueux : plus il y a des clients, plus le site est intéressant. Le nombre de vos amis sur Facebook augmente et votre ego avec. Google offre de plus en plus de références. Amazon vend de tout et vous livre en 24 heures. L’effet d’agrégation accélère… jusqu’au trop, c’est trop.

On y est pour le GAFA qui subit une contre-offensive d’ampleur mondiale. La même semaine passée, dans le New York Times, Chris Hughes le cofondateur de Facebook avec Mark Zuckerberg, explique qu’il est temps de démanteler le géant. Mark, écrit-il, est « une bonne personne » mais avec 60 % des droits de vote, il décide tout tout seul.

« C’est un tsar privé (…) La focalisation sur la croissance lui a commandé de sacrifier la sécurité et la civilité pour des clics (…) le gouvernement doit lui demander des comptes. »
Mark Zuckerberg est allé justement à l’Elysée rencontrer Emmanuel Macron qui prépare une loi en France sur la diffusion des « contenus haineux » et une initiative pour le G7 qu’il va présider. La discussion n’a pas beaucoup avancé. Elle bute sur le fond du sujet.

Si Facebook traîne les pieds depuis deux ans, la raison en est que les propos les plus radicaux sont ceux qui buzzent le plus sur internet. Les positions modérées, les arguments pesés, n’y font pas recette, rapportent peu de clics et détournent les annonceurs. Les médias sociaux vivent de la propagation du feu et du sang, comme d’ailleurs beaucoup de chaînes de télévision en continu.

C’est ce travers d’internet que Facebook entend préserver en refusant l’accès à ses données et algorithmes aux gouvernements au nom du secret des affaires. La seule bonne politique a conclu Chris Hughes n’est pas la régulation qui tapera toujours en dessous de la cible ou le désabonnement rendu quasi-impossible depuis que Mark Zuckerberg a racheté WhatsApp, Messenger et Instagram, mais le découpage en morceaux, comme ce fut fait dans les années 1920 avec les monopoles pétroliers et industriels.

Partout monte la vague, trop c’est trop. Le deuxième écueil du modèle plateforme est l’inévitable démantèlement de celles qui réussissent puisque réussir est tuer la concurrence. Modèle d’avenir la plateforme ? Vous êtes sûr ?
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