Vous consultez :
Chauffeurs VTC : des fraudes à l’inscription et peu de contrôles


Chauffeurs VTC : des fraudes à l’inscription et peu de contrôles


AZF

La passion du VTC
PREMIUM
MODO
VTC
14 Décembre 2016
5 695
5 987
Localité
Paris
Véhicule
Toyota Prius 4
1576029109007.png
A Paris, contrôle d'un VTC par la «police des taxis».

Soucieux d’avoir toujours plus de conducteurs, Uber ferme les yeux sur certaines pratiques, notamment les fausses cartes professionnelles. Conséquence : des agressions restent impunies par manque de traçabilité

Chauffeurs VTC : des fraudes à l’inscription et peu de contrôles

Le mouvement de boycott qui vise Uber remet une pièce dans la confrontation VTC-taxis. Sous les témoignages de victimes, les commentaires de chauffeurs de taxi se sont multipliés. De l’indécent «c’est bien fait pour vous» au plus diplomate «nous n’avons pas arrêté de vous prévenir sur les dangers». Les plateformes de VTC contactées font pourtant toutes valoir des procédures «intransigeantes» avec force vérifications, suspensions de comptes, accompagnement des victimes et collaboration avec les autorités.

Des promesses pas toujours en phase avec le vécu des victimes. Et visiblement insuffisantes.
Uber s’engage dès à présent à changer son mail destiné à la police pour une mise en relation «automatique et proactive» en cas de plainte. En 2020, une nouvelle fonctionnalité permettra de signaler un incident sur l’appli et d’être rappelé en deux-trois minutes. Un moyen de «recueillir encore plus rapidement leur témoignage et de pouvoir prendre des mesures».

Quant à la charte de la communauté, intitulée «Sécurité et respect pour tous», remémorant quelques évidences comme «les agressions sexuelles et les comportements déplacés de toutes sortes sont interdits», elle ne convainc pas. Mieux vaut tard que jamais, Uber assure avoir «contacté l’ensemble des personnes qui ont partagé sur les réseaux sociaux avoir été victimes d’une agression sexiste et sexuelle ces derniers mois ou années».

«Les plateformes savent»
Au cœur du scandale, les chauffeurs et syndicats que nous avons interrogés pointent le problème des fausses cartes VTC, des faux chauffeurs et du partage de profils. Depuis la loi Thévenoud de 2014, les indépendants doivent avoir une carte VTC. Après un examen théorique et pratique, leur casier judiciaire B2 (comportant la plupart des condamnations) est vérifié par la préfecture. Comme pour les taxis, ce dernier doit être vierge. Bernard Bayle-Besson, avocat en droit automobile et droit pénal routier, précise : «On peut demander l’effacement de la condamnation sur le B2. Un chauffeur peut donc continuer à exercer en ayant été condamné. C’est le tribunal qui décide, en prenant notamment en compte la date de la condamnation.»

Bien sûr, dans le cas de fausses cartes ou de faux chauffeurs, cette vérification n’a pas lieu. Pour lutter contre ces trafics, le gouvernement a prévu d’en instaurer de nouvelles, plus sécurisées, d’ici la fin d’année. Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat des chauffeurs privés VTC, note : «Tout est facilité par les plateformes et leurs partenaires pour rentrer dans ce milieu professionnel. Les contrôles sont très légers et les documents peuvent être falsifiés. Les plateformes de VTC savent très bien qu’il y a plein de ventes de cartes sur les réseaux sociaux, de locations.

Mais ils veulent et ont besoin de chauffeurs à tous les coins de rue.» Comme son confrère Brahim, chauffeur depuis 2013, il avait déjà eu vent de comportements inappropriés envers les clientes. «Je constate de plus en plus de non-respect de la réglementation (véhicules, assurances, cartes VTC…) depuis un peu plus d’un an. C’est la jungle en fait. Certains ont un casier ou un bracelet électronique mais roulent avec une fausse carte. Les Boers [police des taxis et VTC, ndlr] ont des moyens très limités, et les fraudeurs le savent bien.»

Un problème dont sont également conscients les syndicats de taxis. Karim Asnoun, secrétaire générale CGT-Taxis souligne : «On a nous taxés de corporatisme lors de l’arrivée des VTC, mais malheureusement les faits nous donnent raison. Il y a des problèmes d’insécurité.» Si des cas de harcèlement ou d’agression ont déjà été rapportés dans les taxis, ils bénéficient de plus de garde-fou, selon le syndiqué. «Comme on est un nombre régulé, on est bien plus contrôlés. On est tous enregistrés, identifiés clairement en préfecture. Il existe aussi des taxis clandestins, mais dans le cas des VTC, c’est d’une telle ampleur…» L’avocat abonde dans son sens : «Les taxis doivent avoir la licence en plus, qui coûte au moins 100 000 euros. Celui qui investit autant ne fait pas n’importe quoi avec les clients.»

Anna Toumazoff, à l’origine du hashtag #UberCestOver, nuance : «J’étais une grosse consommatrice d’Uber car j’avais déjà été séquestrée deux fois dans un taxi et victime de harcèlement sexuel à 18 et 24 ans. Sur les VTC, ça semblait plus sécurisé avec la traçabilité, le nombre de courses affiché.»

Les signalements se font aussi différemment, plaide la CGT. «Quand il y a un problème dans un taxi, c’est une plainte pénale directement. Selon son issue, ça peut être la radiation. La victime ne contacte pas une plateforme intermédiaire qui ne transmettra pas forcément la plainte aux autorités.» Interrogé sur le lien entre faux chauffeurs et agressions, Uber ne nous a pas répondu, détaillant simplement sa procédure de vérification et arguant que «la lutte contre la fraude est un objectif prioritaire».

Vertueux, mais flou. Fin novembre, l’approximation a valu à Uber de voir sa demande de renouvellement de licence refusée à Londres : l’autorité locale, Transport for London, a estimé que son application continue, malgré des efforts, de présenter des failles qui mettent en danger les passagers, en permettant notamment à des conducteurs bannis de télécharger leur photo sur les comptes d’autres ou à des conducteurs sans permis ou suspendus de créer des comptes Uber actifs.

Caméra embarquée
En France, mercredi, deux semaines après le début du mouvement #UberCestOver, la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a réagi sur Twitter. Une rencontre est prévue jeudi prochain avec Uber «pour travailler sur la sécurité des utilisatrices et contre l’impunité des agresseurs». Pour les professionnels comme les victimes, un meilleur contrôle des chauffeurs est essentiel. Brahim Ben Ali, fondateur du syndicat de VTC UVH Lille, plaide pour la mise en place de la reconnaissance faciale pendant les trajets.

Malgré les réticences de la Cnil, un système sera «lancé prochainement pour les chauffeurs Uber et les coursiers Uber Eats», nous informe la plateforme. L’avocat Bernard Bayle-Besson évoque aussi la possibilité d’avoir une caméra embarquée dans la voiture. «Il faudrait demander l’accord du client ou l’orienter que sur le chauffeur. Mais est-ce que les agresseurs la brancheront ?» Stop harcèlement de rue table davantage sur la sensibilisation : «Les VTC ne sont qu’un espace de plus où les agresseurs agissent. Il faut rappeler la loi, mais aussi ce que c’est une victime, ce qu’elle vit, ses réactions.»

Certaines utilisatrices aimeraient, elles, être ramenées par des conductrices le soir. Plusieurs compagnies VTC existent sur ce créneau : Femme au volant, Ladies Drivers ou encore Kolett depuis un an. Cette dernière est réservée aux femmes, passagères et conductrices. «Je voulais un système qui permette aux conductrices de travailler en toute sérénité.

On est peu nombreuses et, le soir, on a des problèmes de sécurité. On a constaté le même besoin côté utilisatrices», explique la cofondatrice, Valérie Furcajg. Mais à la façon des zones non mixtes en festival, certaines y voient un risque de marginaliser les femmes et de faire peser sur elles le poids de leur sécurité.

La fondatrice rétorque : «Les femmes font ce qu’elles veulent, à la base on ne voulait pas dénoncer mais répondre à un besoin et donner le choix.» Pour Stop harcèlement de rue, «la question n’est pas quel est le meilleur moyen de transport pour les femmes mais pourquoi on a ces types de comportements d’hommes envers les femmes dans l’espace public ? Les femmes doivent pouvoir rentrer chez elles de la manière qu’elles
souhaitent en étant assurées qu’elles ne seront pas la proie de quelqu’un.»


https://www.liberation.fr/france/20...=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1575883375
 
  • Je valide
Réactions: ronin92



Youtube Uberzone

Sponsors

Partenaires