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Avis Airbnb, Uber, Bird… des business suspendus au vaccin contre le Covid-19


Avis Airbnb, Uber, Bird… des business suspendus au vaccin contre le Covid-19

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AZF

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14 Décembre 2016
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Alors que l'épidémie de coronavirus sévit encore dans de nombreux pays a travers le globe, la crise économique qui l'accompagne a frappé de plein fouet les entreprises stars du numérique. Décryptage avec Nick Srnicek du King's College de Londres 1591481051521.png
Licorne hier, canasson mal en point aujourd'hui. La pandémie de coronavirus a mis des pans entiers de l'économie au tapis et laisse entrevoir une crise d'une ampleur rare. Même les étoiles montantes de la nouvelle économie numérique souffrent actuellement.
Les annonces pleuvent depuis quelques semaines. La célèbre plateforme de location d'appartements Airbnb va se séparer de 1900 salariés. Chez Uber, la fournée compte 6700 employés mis à la porte. Même histoire chez Kickstarter qui va licencier 45 % de sa force de travail. Il y a quelques semaines c'était Bird, le service de location de trottinettes, qui en deux minutes via un appel Zoom virait plus de 400 travailleurs et travailleuses. Les stars de "l'ubérisation" font grise mine face à la crise sanitaire. Le phénomène est tel que le site layoffs.fyi tient même un décompte de licenciements. Groupon, Yelp, Lyft, TripAdvisor… la liste s'allonge de jour en jour en cette période incertaine.

Les licornes d'hier
"Le genre de service que fournissent ces entreprises s'est complètement asséché durant le confinement" explique Nick Srnicek, spécialiste de l'économie des plateformes et auteur de Accélérer le futur. Post-travail & post-capitalisme (2017, Cité du design). "Ces licenciements sont simplement la reconnaissance du fait que les revenus seront considérablement réduits pour les deux prochaines années. Jusqu'à l'arrivée d'un vaccin, leur business est plus ou moins en panne", précise l'auteur.
"Beaucoup d'entreprises reconnaissent que, jusqu'à l'arrivée d'un vaccin, leur business est plus ou moins en panne."
Pourtant, il y a quelques mois personne n'aurait parié sur un tel crash. Bird, en plus d’être l'entreprise qui a atteint le plus rapidement dans l'histoire le statut de "licorne" (qui correspond à une valorisation boursière de 1 milliard de dollars), prévoyait d'étendre encore son offre au mois de mars. De son côté, Uber — qui sortait d'une année 2019 noire — prévoyait de devenir rentable avant la fin 2020, pour le plus grand plaisir des marchés. En décembre 2019, Kickstarter avait permis de lever 4,6 milliards de dollars pour des projets en tous genres (l'entreprise en est à 4,9 milliards aujourd'hui). Seul AirBnb accusait un petit coup de mou avec une perte nette de 322 millions en 2019, mais l'entreprise enchaînait les bons trimestres depuis 2015 avant ça.

Alors, pourquoi une telle dégringolade ? "La plupart de ces entreprises ne sont pas rentables, elles sont simplement soutenues par la foi des investisseurs (que ce soit la bourse ou du capital-risque). Sauf que depuis que la crise a éclaté, il y a eu un retrait des investissements, et les boites — en particulier les plus petites — qui s'attendaient à un renouvellement de la trésorerie se demandent maintenant si et quand elles auront droit à cette injection de liquidités" détaille Nick Srnicek. Dans ces conditions, difficile pour toute l'économie des plateformes d'envisager sereinement l'avenir. "Si la crise doit durer 18 mois, alors ces entreprises devront se reposer sur leurs réserves le plus longtemps possible" détaille le maître de conférences en économie numérique.

Une période charnière
Pour ne rien arranger, la crise sanitaire est arrivée à un moment où la structure même de ces plateformes était remise en question. Le statut de "plateforme" que beaucoup revendiquaient s'effritait un peu partout dans le monde avant l'arrivée du coronavirus. En Californie, les chauffeurs Uber avaient été reconnus comme des salariés plutôt que comme des autoentrepreneurs en fin d'année dernière. Même chose en France où le lien entre Uber et ses chauffeurs avait été qualifié de "contrat de travail", ouvrant le droit à une protection sociale plus avantageuse.

"L'une des conséquences positives de la crise est qu'elle a forcé ces entreprises à reconnaître la vérité sur leurs "entrepreneurs indépendants". Alors qu'elles ont lutté bec et ongles contre la catégorisation de leurs travailleurs en tant qu'"employées", la situation est aujourd'hui telle que de nombreuses entreprises sont maintenant dans l'obligation de fournir des indemnités maladie, des équipements de protection et d'autres avantages fondamentaux" analyse Nick Srnicek. "Dans la grande majorité des cas, ces mesures sont minimales et inadéquates — mais elles constituent un aveu implicite que les plateformes ont une relation employeur/employé avec leurs travailleurs. Il sera de plus en plus difficile pour ces entreprises de justifier leur recours au statut d'autoentrepreneurs à l'avenir."
"L'une des conséquences positives de la crise est qu'elle a forcé ces entreprises à reconnaître la vérité sur leurs "entrepreneurs indépendants""
En France, ce sont justement ces autoentrepreneurs qui ont assuré des tâches essentielles durant le confinement. Les cyclistes et conducteurs de Uber Eats et Deliveroo se sont chargés dans certains coins de l'hexagone de livrer les courses "de première nécessité" des citoyens confinés.

Des mouvements de consolidation
Le Covid-19 signe-t-il donc la fin de l'économie des plateformes qui a explosé ces dernières années ? Paradoxalement, pas du tout. Cela pourrait même renforcer les grandes entreprises du secteur au travers de mouvement de consolidation. "Un autre changement auquel nous allons probablement assister est une consolidation et une concentration importantes du capital dans ces industries. Uber essaie déjà de racheter son concurrent américain de livraison de nourriture Grubhub, et des accords similaires semblent susceptibles de se produire alors que diverses plateformes luttent pour survivre."
Uber, béhémoth de la livraison ?

Se sachant observé de près par les autorités de la concurrence, Dara Khosrowshahi (le PDG d'Uber) affirmait récemment dans un podcast que "le marché de la livraison à domicile est bien trop important pour qu'une ou deux entreprises raflent 90 % du marché". Difficile de contredire le responsable sur ce point, mais d'après les calculs de Business Insider la fusion Uber Eats + Grubhub pourrait contrôler 50 % du marché américain.
En Grande-Bretagne, Amazon a été autorisé à investir dans le service de livraison Deliveroo sous prétexte que cela était indispensable à la survie de l'entreprise. "Cela semble être une justification juridique aisée pour de nombreuses entreprises cherchant à acquérir plus de pouvoir : la concentration comme un moyen nécessaire à la survie" détaille Nick Srnicek.

"Plutôt que de laisser ces infrastructures entre les mains de capitalistes impitoyables, nous devons construire des alternatives collectives et coopératives"
L'économie des plateformes ne risque donc pas de mourir mais de se transformer en profondeur après la crise sanitaire. Seules les entreprises les plus solides s'en tireront sans trop de heurts. Pour Nick Srnicek, il est cependant essentiel de voir cette crise comme une opportunité. "La crise a démontré à quel point ces travailleurs indépendants sont la clé de notre modèle social", relève-t-il avant de dérouler ses arguments en faveur d'une intervention de l'état "il y a déjà eu des études, au Royaume-Uni notamment, qui montrait que développer une plateforme de livraison de nourriture pourrait-être relativement peu cher (quelques milliards tout au plus) et permettrait d'éliminer efficacement la pauvreté alimentaire dans le pays."

Il enchaîne, "des projets comme celui-ci (que personne ne souffre de la faim) constituent la base de n'importe quelle politique socialiste", avant de conclure "plutôt que de laisser ces infrastructures entre les mains de capitalistes impitoyables, nous devons construire des alternatives collectives et coopératives."

 
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Réactions: driverzonard et UZ


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Dans la grande majorité des cas, ces mesures sont minimales et inadéquates — mais elles constituent un aveu implicite que les plateformes ont une relation employeur/employé avec leurs travailleurs.
Voilà un argument pour ceux qui iraient au prud’hommes ;)
 



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