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Presse Un français pour faire voler les taxis d'Uber


Presse Un français pour faire voler les taxis d'Uber


SIXMONTS

Zoneur Vérifié
VTC
UBER
HEETCH
ALLOCAB
20 Décembre 2016
207
228
Localité
Lille
https://www.lesechos.fr/intelligenc....php#xtor=EPR-8-[18_heures]-20190121-[Prov_]-

Le premier centre de recherche d'Uber en Europe sera dirigé par François Sillion, ancien de l'Inria. Son but, mettre l'intelligence artificielle au service des drones taxis.

C'est ce qu'on appelle une pointure. Si le nom de François Sillion n'est pas connu du grand public, dans le petit monde de l'Intelligence Artificielle, ce chercheur est particulièrement renommé.

C'est pour son « expérience inégalée » - selon le communiqué qui officialise sa nomination - qu'Uber l'a choisi pour piloter son centre de recherche à Paris, le premier créé en dehors de l'Amérique du Nord. La mission de ce Français : faire en sorte que des taxis volants puissent décoller avant 2023.

Concision, rigueur, jamais un mot plus haut que l'autre... Quelques minutes d'échange avec François Sillion suffisent à dévoiler son bagage scientifique. Un bagage conséquent : master en physique des solides, doctorat à l'Ecole normale supérieure, post-doc à la prestigieuse université américaine Cornell. Et on ne parle ici que de la partie formation.

« A 14 ans, j'essayais de construire un appareil photo »

A 54 ans, lui ne fait pas grand cas de ces années passées sur les bancs de l'école. « Je trouve que l'on insiste beaucoup trop là-dessus, souligne-t-il. Moi je commencerais encore avant. J'ai toujours été passionné par la science ».

Durant son enfance à Roanne, dans la Loire, il s'amuse à « construire un appareil photo » ou encore à « fabriquer un film sensible à la lumière ». « C'était un peu trop ambitieux ! Mais on apprend beaucoup de ses échecs », sourit le chercheur à lunettes rondes.

Féru d'astronomie, l'adolescent n'hésite pas non plus à contacter des planétariums, aux Etats-Unis, pour acheter par correspondance des images célestes.

Le jeune François se laisse guider par ses passions, qui l'amènent loin des carrières de son père, ingénieur en entreprise, et de sa mère, « dans les langues ». Après des études de physique et d'informatique de l'autre côté de l'Atlantique, où il a apprécié « les moyens » alloués aux grandes universités américaines, mais moins l'esprit de « compétition » qui y règne, il fait le choix, en 1991, de revenir en France. Il travaille quelques années au CNRS puis entre, en 1998, à l'Inria, où il restera plus de vingt ans. Non sans occuper des postes de chercheur invité au MIT ou chez Microsoft.

« Apporter des solutions dans la vie des gens »

S'il a renoncé à fabriquer des appareils photo, son domaine d'expertise n'en est pas si éloigné. « Je suis spécialiste de la synthèse d'image », précise-t-il. C'est-à-dire ? « Le principe est de créer le modèle numérique d'une scène, et de calculer ce que l'on verrait si cet environnement était réel. Comme il est entièrement virtuel, il faut tout faire avec de la simulation, en tenant compte des lois physiques sous-jacentes », tente-t-il de vulgariser.

Avide de repousser les limites de la connaissance, le chercheur n'a rien perdu de ce sens pratique qui l'incitait enfant à concevoir ses propres appareils. « Je me soucie que mes travaux aient des applications concrètes, qu'ils puissent apporter des solutions dans la vie des gens », souligne le scientifique, père de trois enfants.

Nommé directeur du centre de recherche de l'Inria à Grenoble, avant de devenir PDG de l'institut par intérim, il met ainsi les mains dans le cambouis en travaillant avec des entreprises. « Leurs besoins étaient très variés. Ca pouvait aller de la télédétection, en simulant, par exemple, ce qu'une caméra embarquée sur un satellite peut voir au sol, à la simulation d'effets d'imagerie par aquarelle pour faire des dessins animés », raconte-t-il.

Son dernier poste l'amène à coordonner le volet recherche du rapport Villani sur l'intelligence artificielle, rendu en mars 2018. « Ca m'a donné envie d'aller un cran plus loin et de rejoindre une entreprise pour participer à cette traduction concrète de toutes ces avancées dans l'IA ». C'est là qu'Uber a croisé sa route.

« Aucun problème n'est caché sous le tapis »

Le service de VTC américain a dévoilé début janvier un prototype de taxi volant, mais tout reste à faire avant que les premiers véhicules ne prennent leur envol dans les villes tests de Dallas et Los Angeles. François Sillion, et l'équipe qu'il va bientôt recruter, seront justement chargés de réduire cet écart entre le rêve et la réalité, avec une première enveloppe de 20 millions d'euros sur 5 ans.

Gestion des trajectoires, autonomie des batteries, systèmes de recharge... « On va regarder comment l'IA peut être utilisée pour résoudre les problèmes soulevés par le transport aérien », résume-t-il, avant d'ajouter, conquis : « Ce que j'ai particulièrement aimé, c'est la vision très ambitieuse et très complète d'Uber. Aucun problème n'est caché sous le tapis et il y a une feuille de route scientifique ».

Que sa future équipe soit prévenue : il se montre « aussi exigeant avec les autres qu'avec lui-même ». « J'aime viser haut », concède-t-il. Ce qui tombe plutôt bien pour « Uber Elevate ».

Leïla Marchand
 



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