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Presse Le Grand Paris en quête d'un nouveau modèle routier


Presse Le Grand Paris en quête d'un nouveau modèle routier


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23 Décembre 2017
445
370
Localité
Cote d'Azur
Véhicule
Toyota C-HR
Le Grand Paris en quête d'un nouveau modèle routier
Etat et collectivités d'Ile-de-France lancent une consultation sur l'avenir des autoroutes et des voies rapides de la région




C'est un premier pas vers la transformation du périphérique parisien et des autoroutes franciliennes en boulevards urbains à la circulation apaisée. Une consultation internationale " sur le devenir des autoroutes, du boulevard périphérique et des voies rapides du Grand Paris " devait être lancée jeudi 24 mai, en fin de matinée, par les collectivités d'Ile-de-France et l'Etat. L'objectif : demander à des équipes pluridisciplinaires, composées d'ingénieurs, d'architectes, d'urbanistes, d'économistes, de sociologues, pourquoi pas d'auteurs de science-fiction, de réfléchir à l'évolution de ces voies rapides à l'horizon 2050 et à une échéance intermédiaire de 2030.
" Les routes d'aujourd'hui sont héritées des années 1960, elles ne sont pas adaptées aux technologies et aux usages de demain, c'est un modèle qui va disparaître. Nous voulons réfléchir à l'avenir d'une infrastructure routière aujourd'hui encombrée et mal exploitée ", résume Sylvain Cognet, le directeur général du Forum métropolitain du Grand Paris. Ce syndicat mixte, qui s'attache depuis 2009 à faire travailler ensemble toutes les collectivités locales de la zone urbaine capitale, est à l'origine de la consultation, qui suit son Livre blanc des mobilités à l'horizon 2030, adopté en mars.
Machine à fabriquer du consensus, le Forum métropolitain s'attaque cette fois à forte partie. La mobilité est un des dossiers les plus sensibles en Ile-de-France et l'automobile a le pouvoir d'échauffer les esprits. Après les passes d'armes répétées entre la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), et la présidente du conseil régional d'Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR), sur la piétonnisation des voies sur berge dans la capitale, asseoir la Région à la même table que la Ville pour discuter de l'évolution des autoroutes à l'heure de la fin du moteur à explosion relève de l'équilibrisme.
" Le sujet n'est pas tabou : nous sommes la région de la congestion automobile et des transports en commun saturés, le statu quo est intenable. Inventer un meilleur usage de la route est crucial, assume Mme Pécresse. Mais il faut être dans une logique coopérative et ne pas en faire un objet partisan et idéologique : pour révolutionner la route, il ne suffit pas de la fermer à la circulation. Il faut être visionnaire, mais aussi réaliste : à court terme, on aura toujours besoin de circuler sur les routes. "
" On prend soin de n'empiéter sur les prérogatives de personne, on ne donnera pas de leçons et il ne s'agit pas d'imposer des solutions ",
précise M. Cognet. Les cinq équipes retenues cet été devront rendre leurs propositions en avril 2019… sans qu'aucun lauréat soit désigné. " Ce n'est pas un concours d'architecture, il s'agit de se forger une culture commune sur l'évolution de la route, d'anticiper des évolutions pour aider les pouvoirs publics dans leur prise de décision, explique M. Cognet. Les réponses devront être réalistes, appuyées sur des études des flux et de leur évolution, et nous orienter sur les étapes nécessaires pour arriver à un résultat, pas seulement nous dessiner une solution idéale… "
La fin programmée des véhicules polluants, l'arrivée des voitures connectées et autonomes, le développement de l'autopartage et autres nouveaux usages favorisés par le numérique ouvrent le champ des possibles. " Nous vivons une révolution des mobilités, il faut imaginer comment mieux utiliser la route et mieux l'articuler avec les transports en commun, juge l'adjoint à la maire de Paris chargé de l'urbanisme, Jean-Louis Missika. On va vers une route augmentée, à haute qualité de service, sur laquelle on pourrait avoir, pour les véhicules autonomes, des voies réservées fonctionnant presque comme des rails : on pourrait même garantir l'heure d'arrivée, ou prioriser les flux de personnes ou de marchandises selon l'heure du jour ou de la nuit… "
" Un enjeu d'urbanisme "
Du périphérique à la francilienne, rocade de la deuxième couronne, en passant par les autoroutes qui traversent la zone dense pour entrer dans Paris, les solutions ne seront pas uniformes. Mais une chose est sûre, " ce n'est pas qu'un sujet de transport, c'est aussi un enjeu d'urbanisme ", insiste M. Missika : requalifier ces autoroutes permettrait de recoudre des villes coupées en deux par ces infrastructures, de réduire la fracture entre Paris et sa banlieue, d'aménager espaces verts et franchissements et de construire des quartiers entiers là où le bruit, la pollution et la sécurité l'interdisent aujourd'hui. " Il y a ceux qui ont une vision urbaine, qui veulent verdir et piétonniser, et ceux qui comme moi se préoccupent de mobilité, disons que nous serons complémentaires ",observe Valérie Pécresse.
Pour rendre concrètes ces évolutions aux yeux du grand public et des élus, les équipes devront réaliser des focus illustrant leurs propositions sur une quinzaine de sites qui seront choisis à l'automne, et pourront proposer des expérimentations réalisables dès 2024, année des Jeux olympiques d'été à Paris. Enfin, les travaux des cinq groupements feront l'objet d'une grande exposition à l'été 2019. Pour les collectivités concernées, restera à imaginer comment mettre en œuvre ces évolutions, dans un paysage de responsabilités très fragmentées. Au risque de renouer avec les querelles de périmètres et les désaccords de fond.
" Pour avancer, la question de la gouvernance de la mobilité doit être abordée, juge ainsi Jean-Louis Missika. La distinction entre ce qui relève de la route ou du rail est de moins en moins pertinente. Et il faut enfin poser la question du modèle économique : les autoroutes sont gratuites là où elles sont le plus coûteuses à entretenir, en zone urbaine dense. Pourquoi ne pas aller vers un péage urbain ? " Valérie Pécresse, de son côté, est prête à taxer les poids lourds mais opposée à un péage " qui aggraverait les fractures sociales et territoriales ". L'échéance de 2050 fixée par la consultation est aussi une manière d'atténuer ces désaccords.
Grégoire Allix
© Le Monde
 



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